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Les enfants dans un milieu plurilingue : les conseils d’une linguiste

19 mai 2022 - Alexandra Perron

Aller à l’école en français, parler arabe à la maison. Échanger en anglais avec maman, passer au français avec papa. Plusieurs enfants grandissent dans un milieu plurilingue. Comment cultiver cette richesse ?

Les enfants ont une facilité naturelle pour apprendre les langues qui fait l’envie de bien des adultes. Si l’âge est un facteur d’apprentissage important, le contexte l’est tout autant, précise Phaedra Royle, professeure et responsable du programme en orthophonie à l’Université de Montréal. Pour aider son enfant à diversifier ses langues, on mise sur le jeu, sur les conversations avec les grands-parents, sur toutes les situations de la vie réelle… bien avant les règles de grammaire. 

La clé : le temps

Une heure d’exposition par jour à une seconde langue ne suffit pas. Les recherches menées auprès des enfants suggèrent qu’ils doivent y être exposés entre 20 % et 30 % du temps pour bien ancrer l’apprentissage. Les jeunes en immersion à la maison ou à l’école ont cet avantage du temps, et ils vivent beaucoup d’expériences dans plus d’une langue.

Malgré tout, le bilinguisme n’est pas magique et instantané. « Un enfant immigrant dans un contexte de francisation à l’école prendra deux ans avant de se sentir à l’aise. Il pourra même avoir besoin d’une troisième année pour consolider tous les aspects de sa nouvelle langue » souligne la professeure Royle.

On mise sur le jeu, sur les conversations avec les grands-parents, sur toutes les situations de la vie réelle… bien avant les règles de grammaire. 

En dehors d’un milieu bilingue naturel à la maison, il est préférable pour l’enfant d’avoir une base solide dans sa langue maternelle avant d’apprendre une seconde langue à la garderie ou à l’école, ajoute la professeure.

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Faut-il craindre les troubles du langage ?

Apprendre plusieurs langues n’augmente pas le risque de développer un trouble du langage. « Des études ont même démontré que parmi les enfants qui ont des difficultés de langage, ceux qui sont bilingues ont des résultats similaires ou légèrement meilleurs à ceux des monolingues lors des évaluations cliniques », souligne la professeure Royle.

Elle ajoute que les jeunes vivant avec le spectre de l’autisme ou le syndrome de Down peuvent aussi être bilingues, et qu’il ne faut surtout pas s’empêcher de les exposer à différentes langues.

Des forces qui fluctuent

On constate que notre enfant s’exprime mieux dans la langue parlée à l’école que celle parlée à la maison ? Pas de souci. « C’est normal d’avoir une langue dominante. Et ça peut changer au cours de la vie, selon les contextes et les circonstances », indique Phaedra Royle. Elle-même anglophone, elle a fait sa scolarité en français, puis elle a étudié en anglais à certains moments. Sa langue maternelle reprenait alors le dessus.

Quand consulter ?

Il arrive qu’un enfant élevé dans un milieu linguistique mixte à la maison fasse un blocage dans la langue d’un de ses parents. Phaedra Royle a connu ce cas de figure avec son fils qui refusait de parler anglais. Si une langue cause problème, mais que l’autre coule aisément, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, estime la responsable du programme en orthophonie à l’Université de Montréal. On peut continuer d’utiliser cette langue, mais il faut éviter de forcer l’enfant à la parler. « Tout doit se faire dans le plaisir. » Elle invite à consulter un professionnel quand les difficultés sont observables dans les deux langues.

Si votre enfant grandit dans un milieu unilingue, il est tout de même possible de stimuler son appétit pour les langues. Nous vous suggérons de faire avec lui ce quiz sur le créole.

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