Comment sauver la rainette faux-grillon

22 avril 2024 - Marie-Claude Ouellet

Au Québec, des scientifiques travaillent fort pour secourir la rainette faux-grillon de l’Ouest. Une tâche colossale pour protéger une petite grenouille!

De sérieuses menaces

La rainette faux-grillon de l’Ouest est la grenouille la plus menacée du Québec. Depuis 60 ans, plus de 90 % de son habitat a disparu. Les coupables : la construction immobilière, l’agriculture, la pollution et les changements climatiques.

Un défi titanesque

Pour lutter contre le déclin de la rainette faux-grillon de l’Ouest, le gouvernement du Québec a lancé un plan en 1999. Et depuis 2008, plusieurs scientifiques collaborent à son élevage et à sa réintroduction en milieu naturel.

Découvre toutes les étapes du travail des biologistes Lyne Bouthillier, Sophie Tessier et Gheylen Daghfous*.

1. La récolte de spécimens

Tôt au printemps, Lyne Bouthillier et son équipe capturent des rainettes dans des milieux humides de la Montérégie et les transportent au Biodôme.

2. L’élevage en laboratoire

Les rainettes vivent dans des bassins à température et éclairage contrôlés. Elles ont aussi de la nourriture à volonté. Des enregistrements de chants de rainettes sont diffusés pour les inciter à s’accoupler. Cette espèce se reproduit difficilement en captivité.

En 2014, le Biodôme a testé un «philtre d’amour» à base d’hormones, mis au point par le chercheur Vance Trudeau de l’Université d’Ottawa. Quelques heures après l’injection, les mâles se sont mis à chanter pour courtiser les femelles. Ça fonctionnait! Plusieurs rainettes ont déposé leurs oeufs dans l’eau. Au bout de quelques jours, les premiers têtards sont sortis. Certains seront transférés au parc national du Mont-Saint-Bruno.

3. L’élevage en semi-captivité

Au parc national du Mont-Saint-Bruno, on accueille des têtards provenant du Biodôme au sein de grands bacs d’eau dotés d’un grillage anti-prédateurs.

Les têtards se transforment ensuite en jeunes «grenouillettes», prêtes à être déplacées dans les étangs spécialement aménagés.

4. La relâche en nature

Au parc national du Mont-Saint-Bruno, d’anciens fossés agricoles ont été transformés en étangs pour accueillir les rainettes.

C’est important d’aménager des mares temporaires, qui s’assèchent l’été. En effet, les prédateurs des rainettes ne vivent généralement que dans les plans d’eau permanents. Les rainettes, elles, habitent l’étang au début de leur vie et au moment de se reproduire. Entre-temps, elles vivent sur la terre ferme.

5. Un avenir incertain

Grâce au travail acharné des scientifiques, plus de 3 200 rainettes ont été relâchées au parc national du Mont-Saint-Bruno depuis 2021. Plusieurs experts estiment qu’il faudra au moins 10 ans pour savoir si l’opération de sauvetage est un succès.

* Lyne Bouthillier : ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Gheylen Daghfous : Biodôme de Montréal, Sophie Tessier : parc national du Mont-Saint-Bruno (Sépaq)