Stop à la pollution lumineuse

24 avril 2023 - Marie-Claude Ouellet

Éclairer les villes, c’est nécessaire. Mais les nuits ne sont plus assez noires pour les animaux.

Si tu regardes le ciel, la nuit à la campagne, tu apercevras beaucoup plus d’étoiles qu’en ville, car leur lueur est moins masquée par l’éclairage artificiel.

En effet, nos villes brillent de mille feux : enseignes publicitaires, lampadaires, lumières de maisons, d’usines ou de tours à bureaux… Cet excès de luminosité est appelé pollution lumineuse.

Difficile pour les oiseaux

La pollution lumineuse affecte particulièrement les oiseaux qui migrent la nuit. Comme les bruants et les parulines, qui s’orientent grâce aux étoiles. Si elles sont voilées par l’éclairage artificiel, les oiseaux risquent de s’égarer dans des endroits inhospitaliers, et même d’en mourir. Les oiseaux migrateurs peuvent également percuter des édifices ou des ponts illuminés.

Chaque année, au Canada, 25 millions d’oiseaux périssent ainsi. Aux États-Unis, leur nombre dépasserait le milliard ! À Montréal, les accidents se produisent surtout autour du mât du Stade olympique.

Une lumière meurtrière

La nuit, les éphémères et les papillons de nuit se rassemblent autour des lampadaires. Attirés par la lumière, ils tournent autour et cessent de se nourrir et de se reproduire. Plusieurs périssent en se brûlant. D’autres meurent d’épuisement ou dévorés par les prédateurs.

Et qui dit moins d’insectes, dit moins de nourriture pour les chauves-souris, les hirondelles, les couleuvres et les autres insectivores.

La pollution lumineuse brouille aussi les signaux de communication des lucioles. À la brunante, ces insectes émettent des clignotements pour se repérer entre eux et s’accoupler.

Plus de lumière, moins de bouffe !

Savais-tu que certains poissons ne s’approchent pas des rivages trop éclairés ? Ils craignent d’être repérés par leurs prédateurs.

Certains poissons se retrouvent alors dans des secteurs pauvres en nourriture. D’autres déposent leurs oeufs sur des fonds moins propices à leur survie.

Les côtes de nombreux océans sont affectées par la pollution lumineuse émise par l’éclairage des routes et des ports. En plus d’illuminer la surface de l’eau, cette lumière artificielle pénètre jusqu’à 20 mètres de profondeur !

Des scientifiques australiens ont démontré que l’exposition à des lumières DEL (diode électroluminescente) réduit grandement l’éclosion des oeufs
du poisson-clown.

Des villes canadiennes en action !

1. À Montréal, depuis 2017, de nouveaux lampadaires ont été installés. Ils dirigent la lumière vers le sol et sont moins éblouissants.

2. Pour économiser de l’énergie et de l’argent, plusieurs villes ont adopté l’éclairage DEL. Mais on s’est rendu compte que les ampoules DEL blanches émettent beaucoup de lumière bleue, ce qui génère plus de pollution lumineuse que les ampoules traditionnelles.

À Sherbrooke, des scientifiques ont créé une ampoule DEL à faible lumière bleue, l’ampoule Oasis, et en ont offert à des résidents d’un quartier. Au total, 150 nouvelles ampoules ont été installées.

3. À Toronto, le programme Lights out aide à réduire les collisions des oiseaux pendant les migrations, grâce à des périodes sans éclairage nocturne. Ce programme est aussi en fonction à New York, à Miami et à Chicago, aux États-Unis.

Depuis 2013, en France, les lumières des bâtiments non résidentiels (magasins, bâtiments publics, stationnements) doivent être éteintes durant la nuit.